jeudi 6 mars 2008


Deux moutons, dans un pré. Pas un son, pas encore prêt. La fable sonne classique, un loup surgira. Il y aura une morale, des méchants, voire des gentils, mourront. On hochera la tête.

Le mouton ouvre les yeux; le vombrissement d'une mouche. Le soleil est partout, l'herbe encore verte commence à sécher. Qu'il fait bon de se sentir mouton. L'air est lourd, on prierait pour un souffle de vent.

Il est dans l'ombre, sombre, prêt à fondre. Sa salive dégouline, que cette cuisse est fine, un peu de margarine, le sang ruissellant sur le pelage encre de Chine. Qu'il fait bon d'être prédateur. L'odeur de la peur, la chaleur de la sueur. On prierait pour un souffle de vent.

Le baillement qui décroche la mâchoire; un nuage passe. L'ombre s'étend. Non, pas encore. Il est trop tôt. Le mouton s'assoupit. La mouche est partie, depuis longtemps.

La chose goûte le silence, savoure sa science de l'osmose. Bientôt, elle s'élance. L'herbe n'est plus qu'un élément vert défilant.

L'engourdissement gagne. Un clignement d'oeil. Cette fleure qui vacille.

Filets de bave, feulement rauque, lèvre qui babille.

Que se passe-t-il ? Quelle conclusion, quel épilogue ? Et pourquoi il devrait y en avoir ? Après tout, il ne s'agit que d'une histoire trop classique.

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