dimanche 30 mars 2008


Temps pourri, j'ai les dents qui grincent. L'humeur est maussade, la peur plus qu'une passade. Répétition de scenarii; je fatigue.

Le grondement d'un nuage qui se crève, la pluie tapant le pavé, un éclair scintille au loin. Des cris, des bruits de course. Un cheval tombe sur le flanc, la calèche se renverse et vomit ses passagers. Un commerçant claque les volets de sa boutique. L'eau s'écoule, liquide torrentiel, nettoyant la fange. Une porte de bar explose, un homme se relève, un autre fond sur lui une chaise à la main.

Un incendie éclate, une femme hurle par la fenêtre. Les passants s'immobilisent; son sort leur est égal, mais un incendie se propage ici plus vite qu'en pleine cambrousse. La pluie n'y fera rien. Les yeux se lèvent, craintif, les pleurs ne sont que détail balayé par l'intempérie. Une chaîne se créé, les sceaux d'eau vont et viennent. Les rats surgissent d'un caniveau.

A l'aube, il ne reste plus que fumée là où se dressait le pavé de maison. La vie a repris son cours depuis longtemps. Les nuages sont toujours là. Oppressants, bas.

jeudi 13 mars 2008


Je suis dur. Un intérieur acier, une finition béton. Implacable, lignes droites et refus de l'arrondi. Mâchoire carrée, regard droit. Les mots sortent et claquent. Infaillible, prêt à aller au bout. Une rythmique impressionnante, une mécanique d'exception.

Tu es douce, belle. Sortie d'un bain de mousse, déchirement d'aile, te voila ange. Détour de défaut, contour de mes mots. Tendre enfant, biche berçant son faon. Encore fragile, l'innocence en tant que béquille. L'âge est nubile, les sentiments indélébiles.

Pardonne moi d'être ce que je suis. Je te pardonnerai d'être ce que je veux que tu sois.


And then I go and spoil it all, by saying something stupid like I love you

jeudi 6 mars 2008


Deux moutons, dans un pré. Pas un son, pas encore prêt. La fable sonne classique, un loup surgira. Il y aura une morale, des méchants, voire des gentils, mourront. On hochera la tête.

Le mouton ouvre les yeux; le vombrissement d'une mouche. Le soleil est partout, l'herbe encore verte commence à sécher. Qu'il fait bon de se sentir mouton. L'air est lourd, on prierait pour un souffle de vent.

Il est dans l'ombre, sombre, prêt à fondre. Sa salive dégouline, que cette cuisse est fine, un peu de margarine, le sang ruissellant sur le pelage encre de Chine. Qu'il fait bon d'être prédateur. L'odeur de la peur, la chaleur de la sueur. On prierait pour un souffle de vent.

Le baillement qui décroche la mâchoire; un nuage passe. L'ombre s'étend. Non, pas encore. Il est trop tôt. Le mouton s'assoupit. La mouche est partie, depuis longtemps.

La chose goûte le silence, savoure sa science de l'osmose. Bientôt, elle s'élance. L'herbe n'est plus qu'un élément vert défilant.

L'engourdissement gagne. Un clignement d'oeil. Cette fleure qui vacille.

Filets de bave, feulement rauque, lèvre qui babille.

Que se passe-t-il ? Quelle conclusion, quel épilogue ? Et pourquoi il devrait y en avoir ? Après tout, il ne s'agit que d'une histoire trop classique.