vendredi 22 août 2008


La voila. Cette période de doute. Toujours proche de la surface, prête à me miner. Quelle part de ma personnalité est due à la violence de ma mère ? Quelle part de mon incapacité sociale est due à celle de ma belle-mère ? Quelle part de mon arrogance et refus de faire confiance venant de mon père ?

Découvrir à vingt-trois ans que l'on a été détruit par ceux qui ont voulu nous construire n'est pas aisé. Le comprendre, encore moins. L'accepter, n'en parlons pas. Quelle part de l'innée ? Quelle est celle de l'acquis ?

J'aimerais ne pas être paranoïaque. Ne pas douter des gens, ne pas les remettre en question. J'aurais aimé ne jamais être trahi. Par personne. Pourquoi cela devait arriver pour ma première relation sérieuse ? Cela pouvait attendre. J'aurais eu le temps de m'armer.

Pourquoi quand je regarde cette série, dont le personnage principal cache sa nature auprès du monde pour se faire accepter, je me sens mal à l'aise ? Lorsque l'on finit par oublier qu'on l'a laissé là, est-ce que l'on finit par être ce masque ?

La méchanceté, la bêtise et la cruauté sont les valeurs que la vie m'a appris à porter comme miennes; tel fut le prix de l'acceptation. L'intelligence, la gentillesse, la compassion sont l'apanage des faibles. Je me dois de coucher ces mots, durant le court instant où le masque tombe. Bientôt, je serai de nouveau lui.

Déjà, le revoici ..

J'ai écrit ça, moi ? Supprimer message .. C'est où, déjà ?

vendredi 1 août 2008


Les allemands sont passés. Tout le monde est mort. Je tourne la tête, vers le lit. Mon frère y gît. Je m'approche. Il respire toujours.

"Lève toi. Il faut y aller, maintenant."

Il est blessé. Il tousse. Il ne veut pas se lever. Il veut dormir, que je le laisse.

"On ne peut pas. Tu le sais, il faut que l'on s'en aille."

Je le secoue. J'ai du sang sur les mains. Par la fenêtre, je vois de la fumé, à travers la fine pluie de campagne, s'élever d'un véhicule.

"S'il te plait, allons nous-en. On peut s'en sortir."

Il finit par se lever, difficilement. Il récupère une arme de poing, sur la commode. Je ramasse un couteau. Nous sortons de la maison, dans les ruelles désertes du village, encore vibrantes du carnage. Je m'attends à tomber sur une patrouille à tout instant.

Nous faisons à présent le tour, prenant la route longeant le domaine. Nous décidons de couper à travers l'enclos parsemé de vaches abattues. Mon frère passe le premier; un chien se précipite à sa rencontre, sans déclencher la moindre réaction de celui-ci. La bête se dirige à présent vers moi. Je ne dois pas avoir peur. Je suis celui qui domine. Je ne dois pas montrer ma peur. Pourquoi je n'arrive plus à bouger ? Elle se rapproche à grand pas. Sa gueule s'ouvre sur ma carotide; mes mains bloquent sa mâchoire au dernier moment. Je me débats avec. Je dois la tuer. Je n'ai pas le choix. Je veux sentir son sang couler sur mes mains.

"Mais arrête ! Qu'est-ce que tu fais ? ! C'est le chien de la ferme !"

Je relâche mon étreinte, la bête s'éloigne, assommée, visiblement blessée. Qu'étais-je sur le point de faire ?

Nous nous remettons en route. Il faut fuir, le plus vite possible. Nous repérons une Ford bleue. Mon frère force la portière et parvient à la démarrer. Un sentiment de soulagement tente de se frayer un chemin au travers de mes réticences. Le bruit du moteur et de la pluie battant sur la frêle carcasse emplissent l'habitacle. Quelques virages plus loin, nous croisons le cadavre du chien, à son tour abattu, par balle.


J'ai toujours cru savoir ce que j'avais à gagner. Maintenant je sais ce que j'ai à perdre.