dimanche 20 avril 2008




Un coup de regard circulaire, le chrono' prêt à bondir. Les pieds sur le rebord de l'étendue d'eau. Vérification des lunettes une dernière fois. Les respirations se font lourdes. Le bruit ambiant se fait peu à peu silence.

Prise de respiration ..

Départ.

Plongeon.

La sensation de l'eau coulant le long du corps, mais déjà il faut commencer à battre des bras et des jambes. Le rythme est entêtant. Bientôt, il faut relever la tête et reprendre sa respiration.

Est-ce que tout va bien ? Le monde n'a-t-il pas changé ? Je m'en assure. Je respire. J'y retourne.

Droite, gauche, droite, gauche. L'effort est surhumain, uniquement supportable par la pensée qu'une prochaine bouffée d'air viendra soulagé les poumons.

Enfin, revoila la surface. Pourquoi ne puis-je à nouveau prendre ma respiration ? L'air est vide, les lumières du toit recouvrant la piscine éteintes. Les entraineurs, le public, les juges ont disparu. Je n'arrive pas à respirer.

La tête s'enfonce, les membres continuent mécaniquement. La crampe menace. Je brise le cycle pour tenter à nouveau d'avaler une bouffée d'O², avec succès cette fois-ci. La course se poursuit et bientôt se termine.


Comment peut-on avoir confiance, quand on a vécu la peur du vide ?

dimanche 6 avril 2008


Une deux, mon pas claque sur le bitume, trois quatre, j'mange mon tapas goût macadam, j'en allume une, je suis le mac à dames.

Une deux, ma radio se balance sur mon flanc, trois quatre, fais pas l'idiot la balance, c'est pas du flan c'que j'avance, je suis du maintien d'la paix l'agence.

Un mythe urbain, une fable aubaine, il ne manque que le client et la fille de joie, pour compléter le liant et la soie de ce tableau de ciment et de poix.

Une étreinte fugace, un souffle retenu, le regard salace et sa fierté ténue. Cette femme sagace et cette homme au manque de tenu.

Ici gît:

l'innocence.

vendredi 4 avril 2008


Je me sens perdu. Je suis assis sur une pierre tombale. Il n'y a aucun nom inscrit dessus, pas plus que de date. La brume m'entoure, des ombres s'agitent à la lisière de ma perception. De la neige tombe, mais je ne ressens aucune sensation de froid.

Suis-je mort ?
Où suis-je ?

Je n'arrive pas à me lever. Je suis sculpté dans la tombe. On m'appelle. Un fantôme du passé surgit, passe sa main dans mes cheveux, me sourit et murmure d'impossibles paroles rassurantes, puis disparaît, me laissant un goût amer sur la conscience.

Je finis par me lever. Je me retourne et regarde la tombe. Elle n'est plus là, seule l'herbe persiste entre les flocons de neige qu'elle tente de percer. Le vent berce le monde, mais je ne ressens pas non plus sa brise. Je m'allonge et ferme les yeux. Quand je les rouvre, je vois des nuages, se découpant sur un ciel bleu. L'eau clapote autour de moi, la barque tangue.

Et je me demande ce que je suis censé penser, dire.

mardi 1 avril 2008


C'est l'histoire d'un élastique rigide. De sa raideur il arbore fièrement sa honte. Ses amis ne sont pas comme lui, c'est bien pour ça qu'ils le détestent. Quelle idée aurait-on d'être aussi mollement dur ?

Un jour, le doyen du caoutchouc l'appelle,

" Eh bien mon p'tit, te voila grand à présent.
- Oui doyen, j'espère pouvoir être à l'avenir une grande déception.
- Mais que voila une drôle de tristesse ! Que cache donc cette révélation ?
- Il ne s'agit que de la dénonciation d'une pure corruption. Le refus de l'acceptation et l'acquiescement du non.
- N'est-ce pas là une utopie cauchemardesque, mon enfant ?"

Et l'on reprit sa vie, en attendant la Mort. Mais la polémique était lancée, progressant d'un grand bond en arrière à chaque phrase. Pouvait-on exister hors de l'intimité d'une extrémité ? Qu'est-il en dehors des sentiers abattus ? Rien ne va plus, les jeux sont défaits.

L'élastique rigide, pressé de toute part de questions affirmative, s'affirma d'un grand coup de douceur sur la table, et pris la parole,

"Qu'est l'ordre sans le désordre ? Qu'est l'ombre claire sans la sombre lumière qui m'éclaire ?
- Mais, se détendit un autre élastique au sein du brouhaha silencieux, ne doit-on pour autant chercher raison ?
- La raison du fou n'impressionne la folie du sage. La frontière n'existe que par sa division, la couleur par sa diversité. Mon cœur est parcouru de doutes et l'hésitation est mon quotidien; n'est-ce pas là ma principale richesse ?"